DUJON Gilbert
Saint-Bonnet-de-Four
Gilbert Dujon, habitant au lieu-dit « Les Dinots » à Saint-Bonnet-de-Four, écrit à sa famille durant la guerre. Tour à tour, il envoie des cartes postales à Mathilde son épouse et à ses trois enfants Albert, Alexandrine et Germaine.
A Mathilde il essaie d’écrire des mots rassurants : « Chere Maltilde il fau pas portée peine de mois je me suit toujour bien porté pour le moment » (carte du 11 décembre) ou « nous approchant la Frontière sait signe que savat de mieux en mieux ses que les Almands sont en plaine déroute » (carte du 27 novembre 1914)
Quant à leurs enfants, il est attentif à leurs progrès à l’école : « Ma chère petite Alexandrine tu rendrat réponse tout même pour me fair voir comme tu écrit bien parce que M Bruent ( ?) mas fait dir par la Germaine que tu apprenait bien a lir et à écrire et que tu était bien sage » (voir carte du 6 mars 1915). A son fils Albert, il demande de retourner à l'école après la Saint-Martin qui est le 11 novembre : « Cher Albert a present que la St Martin est passé tu doit retourne à l’école parcque je tavait dit sur une lettre qu’il falait pas y aller jusqua la St Martin il falait que tu reste pour aidé a travaille » (voir carte du 15 novembre). En effet, dans les campagnes au début du XXe siècle, les enfants ne fréquentaient l’école que l’hiver, leurs parents ayant besoin de leur aide pour divers travaux (des champs notamment)
Gilbert Dujon essaie de décrire la guerre à sa famille par l’envoi de cartes postales représentant des villages détruits comme Haraucourt (Meurthe-et-Moselle), il écrit « Vous pouve voir sur la carte les batiment brulé" (voir carte du 6 décembre). Pour Badonviller (Meurthe-et-Moselle), village qui fut incendié le 12 août 1914, il écrit : « Tu voie l'eglise elle et detruite et les maisons qui son a coté sons pareille et celle des villages pareille » (voir carte du 30 décembre)
Comme de nombreux soldats, il envoie aux siens des objets façonnées à partir de débris d’armes, par exemple : « je vous envoies chacun un port-plume fait avec des bals de boches pour souvenir de la guèrre » (voir carte du 24 janvier)
Parmi les cartes postales gardées par la famille Dujon, retenons enfin celle d’un frère à sa sœur (s’agit-il de Mathilde Dujon ?) :« ce n'est pas la peine d'aller à l'école pour apprendre à tuer son prochain, enfin il faut prendre courage peut être le temps de délivrance est plus proche que l'on pense. » (voir carte)